Votre poubelle est une mine d’or

Qu'est-ce que le jour de la Terre vous inspire?

La fonte de la calotte glaciaire? La disparition d’espèces animales et végétales? Les gaz à effets de serre? Oui, ce sont des réalités que nous côtoyons quotidiennement. Personnellement, je ne veux pas me mettre des œillères, toutefois, j’ai pris le parti de regarder le bon côté des choses et d’aller chercher le positif en toute situation. En l’occurrence, cette journée m’évoque toutes les personnes qui réfléchissent, créent, développent des initiatives, des procédés, des façons de voir notre société d’un autre œil.

Dans un précédent article qui présentait Wasa Games, on expliquait que l’un des facteurs qui influence le plus la consommation d’eau par habitant est la production de viande. Un commentaire laissé par un utilisateur indiquait que : « la consommation de ce produit de façon quotidienne est ce qui cause le principal problème environnemental (méthane, utilisation excessive d’eau, déforestation, etc.) À titre d’exemple, un hamburger nécessite 2 400 L d’eau pour nourrir le bétail, faire pousser leur nourriture… » Je n’aurai pas pu mieux le dire! Néanmoins, en discutant de ce point avec diverses personnes de mon entourage, plusieurs sont ceux qui d’une part, ne souhaitent pas réduire leur consommation de viande, et d’autre part, considèrent qu’il s’agit du dernier de leur souci. Bien qu’il ne s’agisse pas d’un échantillon représentatif de la société, il n’en reste pas moins que cela soulève des problématiques. La responsabilité de mieux consommer devrait-elle être 100% imputable au consommateur? Pourquoi ne pas généraliser les bonnes pratiques et favoriser des économies circulaires aussi bien chez le consommateur que dans l’entreprise et dans l’industrie?

Prorec, un exemple d’application de l’économie circulaire

J’ai eu l’occasion de rencontrer Marilou Filliol, diplômée de l’école des Mines d’Alès en France qui travaille pour l’entreprise Prorec inc. œuvrant dans la région de Saint-Hyacinthe. Soulignant les 20 ans de l’entreprise, les fondateurs sont partis du questionnement suivant : comment réduire les coûts de production de l’exploitation porcine tout en respectant les valeurs environnementales? Émerge alors l’idée de récupérer les écarts de production de l’industrie agroalimentaire pour sustenter leurs bêtes.

Marilou détaille que les sources de nourriture sont multiples : « Nous récupérons aussi bien des excès de production, des déchets de ligne que des lots non conformes ou impropres à la consommation humaine. On retrouve notamment des farines, des biscuits, des chips, des produits de boulangerie. Tous ces produits sont ensuite retravaillés pour qu'ils soient conformes aux normes nutritionnelles nécessaires au bétail. » Les bénéfices sont multiples. Tout d’abord, les aliments collectés, considérés comme déchets par le manufacturier, deviennent une marchandise à valeur ajoutée.

Ne nécessitant plus d’être incinérés ou enfouis, Prorec estime à 120 000 m3 l’espace d’enfouissement sanitaire épargné chaque année. Cycle-alim-Responsable_1024 Ensuite, le bétail n’étant pas nourri avec des céréales cultivées à cette fin, plusieurs conséquences en découlent. Ces cultures ont un impact environnemental important puisqu’elles consomment plusieurs millions de mètres cubes d’eau annuellement ainsi qu’un important tonnage d’engrais impactant notamment les phénomènes de développement d’algues (appelé eutrophisation, en analyse de cycle de vie, il est exprimé en kilogrammes PO43- équivalent / kg d’émissions dans l’air, l’eau et sur le sol). Ces parcelles cultivables n’étant plus nécessaires pour l’alimentation animale peuvent être redirigées vers une culture à destination humaine par exemple.

Le purin est également réemployé pour l’épandage des terres, remplaçant les engrais chimiques. Avec tous ces éléments mis en commun, Prorec évalue à 30 000 tonnes la quantité d’équivalent CO2 non émis chaque année grâce à leur solution tout en favorisant l’économie locale. Cette entreprise montre qu’il y a des alternatives et des voies d’amélioration bénéfiques pour toute la chaîne allant de la fabrication, jusqu’au déchet. L’entreprise a d’ailleurs été récompensée par un prix EnviroLys en 2016.

Aller plus loin dans la revalorisation des déchets

Ne plus voir nos déchets comme une perte, mais comme une ressource est le véritable défi de demain. L’un des déchets produits en grande quantité parmi les moins exploités par l’homme demeure l’urine. Elle est considérée par la communauté scientifique comme le prochain « or vert ». Constituée à 95% eau et contenant une proportion non négligeable de minéraux (azote, phosphore, potassium, soufre, etc.), cette ressource pourrait produire de l’électricité ou encore servir d’engrais. On notera que le pic d'extraction/production du phosphore (principalement utilisé dans les engrais) sera atteint à l’horizon de 2030-2040 pour ensuite décliner. Voilà une piste intéressante à explorer. Pensez-y la prochaine fois que vous irez au petit coin!
 

Pour en discuter davantage, rejoignez Marilou Filliol sur LinkedIn.

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