L’eau : ressource sous surveillance

Hugo Degroote L'eau est une ressource reconnue comme patrimoine collectif de la société québécoise. Survol de trois enjeux interreliés entourant la gestion durable et optimale de l'eau avec l'expert Hugo Degroote. Diplômé en génie de l'environnement et chargé de cours à l'École de technologie supérieure, il est directeur de l'ingénierie chez Environnement LCL où il conçoit des systèmes de traitement des eaux.

 

1. Traiter les eaux usées avec un impact minimum sur le milieu naturel

Sur la Rive-Sud où j'interviens principalement, les eaux usées sont traitées soit par le réseau d'égout sanitaire de la municipalité, soit par des systèmes privés éparpillés sur le territoire. Centralisés ou décentralisés, ces systèmes de traitement ont un objectif : renvoyer dans le milieu naturel une eau aussi propre que les eaux de surface. Mais les systèmes ont une durée de vie limitée. Lorsqu'ils ne fonctionnent plus ou sont en fin de vie utile, il peut y avoir des rejets dans le milieu naturel dont les paramètres dépassent les normes du ministère du Développement durable, de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques. Dans un champ d'épuration en fin de vie, l'eau ressort en surface et va s'écouler vers un fossé, un ruisseau, un lac... Lorsqu'un système municipal devient obsolète ou sous-dimensionné, on peut creuser un bassin supplémentaire. Mais même au Québec l'espace se restreint. On se tourne vers des technologies qui augmentent la capacité des étangs aérés actuellement utilisés dans la plupart des villes. On utilise des systèmes de traitement dits intensifs comme le réacteur biologique à garnissage en suspension (RBGS). C'est un bassin aéré où un média en plastique servant de support au biofilm bactérien est maintenu en suspension. La forte concentration en microorganismes amplifie la capacité de traitement, ce qui permet de prolonger de 15 à 20 ans la durée de vie d'une station.

2. Gérer les eaux pluviales

On peut intervenir sur les eaux pluviales avant leur entrée dans le réseau municipal. Des pratiques de gestion optimales (PGO) permettent de traiter sur place les eaux de pluie, du moins en partie. Les ouvrages végétalisés de drainage en sont un bon exemple : ils ralentissent le débit des eaux pluviales et en filtrent les polluants. Ces nouvelles pratiques minimisent l'impact du ruissellement engendré par l'urbanisation. Or les changements climatiques vont accentuer et le volume et la vitesse du ruissellement urbain. Les réseaux municipaux n'ont pas été prévus pour des épisodes fréquents de pluies courtes, mais plus intenses. Quand trop d'eau pluviale se trouve dans un réseau unitaire qui n'est plus capable de la recevoir, un débordement vers le milieu naturel peut être autorisé. On parle d'un événement de surverse. Si on arrive à réguler le débit pluvial, on évite les surverses; en les évitant, on évite la pollution des milieux naturels, et on n'impacte pas la qualité de l'eau prise en aval pour faire de l'eau potable...

3. Assurer l'accès à l'eau potable à un coût abordable

Faire de l'eau potable a un coût impressionnant. Les gens ne le réalisent peut-être pas, mais ils paient leur eau potable indirectement dans les taxes. Des normes très strictes assurent la qualité de cette eau. Des analyses sont effectuées fréquemment et régulièrement. Même si les traitements sont de plus en plus efficaces, on doit en parallèle mieux gérer le ruissellement urbain et les polluants émergents, comme les perturbateurs endocriniens, dans les eaux usées. Car tout est lié : les eaux usées des uns feront l'eau potable des autres!

 


La gestion des eaux usées vous intéresse ?

 

 


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